dimanche 12 mai 2019

Critique du "Tome 8", Harry Potter et l'enfant maudit

/!\ N'ayant pas vu la pièce de théâtre, cette critique portera uniquement sur le script, et non pas sur la qualité de la mise en scène./!\

Il y a quelques années, une pièce de théâtre sur l'univers de Harry Potter a remis en ébullition la communauté des Potterheads : il s'agit bien évidemment de Harry Potter et l'enfant maudit, parfois  appelée huitième tome à cause du semblant de continuité maintenu avec les volumes précédents.

Rien que par son existence, cette pièce de théâtre va à l'encontre de la théorie du deuil (qui, bien que non confirmée, parait très plausible), d'autant plus que j'ai pu relever beaucoup d'erreurs fondamentales et de personnages tombant dans les clichés que JK s'évertuait à éviter.
Je vous entends d'ici : "Oui mais JK a donné son accord !". Mais a-t-elle véritablement pris connaissance de l'œuvre dans sa profondeur ? La réponse est évidemment non :  elle s'est contentée de la survoler distraitement du coin des yeux, trop d'erreurs s'y accumulent. Peut-on réellement qualifier ce texte de "Tome 8"  ?
Je tiens à préciser que JK ne l'a jamais qualifié ainsi et qu'il s'agit là uniquement d'appellations inventées par les fans.


Premièrement : Pourquoi le choixpeau a-t-il emmené Albus à Serpentard ? JK a bien insisté sur le fait que le choixpeau tenait compte de nos préférences avant tout. Harry ne voulait pas aller à Serpentard alors qu'il était plus fortement compatible avec cette maison, mais le choixpeau magique l'a réparti à Gryffondor. Albus tient cette maison encore plus en horreur que son père, alors pourquoi s'est-il retrouvé parmi les serpents ? Je vous entend crier : "Mais parce que son seul ami est à Serpentard, voyons !".
Naturellement. Mais il me semble qu'Albus s'est installé auprès du petit Malefoy uniquement pour ses bonbons, il l'avoue même en toute franchise. Et s'il avait peur de se retrouver seul, il aurait dû savoir qu'étant célèbre, les amis ne se feraient pas rares, que ce soit à Gryffondor comme à Poufsouffle, ou même à Serdaigle.

Ensuite, certains personnages, notamment Ron, tombent dans des caricatures telles qu'on ne reconnait même plus leur caractère. En effet, ce dernier avoue même être arrivé ivre à son propre mariage !
Je cite : "Tu veux de nouveau te marier avec moi ?" "Tu sais, la première fois, on était très jeunes, j'étais complètement ivre et… pour être franc, je ne m'en souviens plus très bien… ".
Ron, tout chahuteur et peu émotif qu'il soit, n'est pas aussi indifférent que ça. Arriver ivre à son propre mariage et ne pas s'en souvenir pourrait correspondre à un trait extrêmement exagéré de sa personnalité. Ron serait capable de ce genre de choses, mais dans une situation considérablement moins importante.
De plus, sa "nouvelle personnalité caricaturée" se retrouve incapable de faire preuve de sérieux lorsque Harry, Hermione et Ginny se retrouvent pour parler des rumeurs concernant Scorpius et de certains évènements troublants tels que le mal de cicatrice de Harry ou encore la récente activité des trolls et autres créatures ayant pris le parti de Voldemort lors de la bataille de Poudlard.
Au cous de cette discussion (Acte I, Scène 15), il se déclare capable d'écrire une chanson sur son mal de pied et insulte Ginny de "planche à pain de mie", tout cela dans une discussion sérieuse. Cet aspect contribue à la caricature du personnage et serait davantage du ressort des jumeaux Fred et George, si les interventions étaient un peu plus subtiles que cela.
Pareil pour le passage où Scorpius se retrouve dans un monde avec Voldemort ressuscité, il rencontre Ron qui tient sa baguette à l'envers. Il n'est pas à ce point boulet dans l'œuvre originale.

On retrouve d'autres troubles de ce genre dans le comportement d'autres personnages, mais en moins flagrant. Par exemple, Harry devient beaucoup trop sévère qu'il ne l'avait été (on ne peut pas changer autant avec l'âge), il n'aurait jamais essayé de séparer Albus et son meilleur ami. Il aurait dû savoir que ça l'anéantirait, ayant vécu des choses semblables lorsqu'on l'empêchait de voir Ron et Hermione durant les vacances. Il offre aussi une vielle couverture à son fils en guise de cadeau, lui qui en a reçu des semblables avec les Dursley (comme une paire de chaussettes trouées par exemple, ce qui n'a rien de très différent avec une couverture grise, élimée et vielle de trente ans, voire davantage). Les cadeaux des Dursley ne lui ont pas plu, alors comment pourraient-ils plaire à son fils, qui est habitué aux présents plus décents ?

Aussi, la scène où Harry est dans son bureau et pleure avec le portrait de Dumbledore tombe comme un cheveu sur la soupe. Harry retombe dans le côté enfant capricieux qui aurait dû s'estomper avec l'âge et refuse de voir Dumbledore. Le passage se transforme en auto-apitoiement et en "révélations" mièvres, stupides, qui reprennent les authentiques en en rajoutant une couche, telles que "Je te protégeais, je ne voulais pas te faire de mal, j'aurais dû te le dire plus tôt, avant qu'il ne soit trop tard, mais je t'aimais trop, j'étais aveuglé…".

Hermione n'échappe pas non plus à ces erreurs plus ou moins maladroites : le retourneur de temps a été très peu protégé, il n'est pas normal que sa cachette soit accessible par de simples écoliers de Poudlard. C'est une sorcière intelligente, qui aurait essayer de mieux le dissimuler à l'aide de sortilèges autrement plus difficiles à contrecarrer.

Quelques anicroches concrètes cette fois ci, plus ou moins graves par rapport au récit originel :
Quand Hagrid retrouve la maison des Potter détruite, et Harry à l'intérieur, il est censé rencontrer Sirius Black et lui disputer la garde du bébé. Le parrain de Harry devrait même lui prêter sa moto volante pour que le géant puisse retourner près de Dumbledore au plus vite. Cette scène est rejouée dans la pièce ( acte IV, scène 13). Or, Sirius n'est pas présent et Hagrid repart sans difficulté, et sans moto volante.
Lorsque Albus, Scorpius et Delphi consomment du polynectar dans l'intention de se faire passer pour Ron, Hermione et Harry, leurs voix changent pour devenir celles correspondantes du trio. Or, dans le livre, les personnages prennent du polynectar à maintes reprises sans que cela ait un impact quelconque sur leur voix.

Après toutes ces erreurs, peut-on vraiment appeler cette pièce de théâtre "Tome 8"? Il me semblerait que non. Beaucoup trop de choses contredisent l'œuvre originelle. Le terme "spin-off" serait , selon moi, plus approprié car même un produit dérivé se doit de respecter les contraintes établies par la série de base.
Malgré tout, le scénario est original et accrocheur, le contexte intéressant, même fondé sur une erreur de débutant. Les nouveaux personnages sont bien gérés, avec une personnalité relativement riche. Albus ressemblerait un peu trop à Harry jeune en terme de comportement face au danger ( ne se soucie pas toujours des conséquences, fonce droit tête baissée en plein dans le danger, etc. ) mais son comportement routinier (indifférent, plus discret, évite les ennuis, etc. ) le différencie et l'empêche de se transformer en mini Harry.

Si vous n'êtes pas d'accord avec ces arguments, n'hésitez pas à poster votre point de vue, des avis ou remarques en commentaire !


Gaëlle


2 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord, mais je trouve qu'il y a quand même quelque chose d'assez... facile au niveau du scénario. Je veux dire, je ne pense pas que Cédric serait devenu un mangemort juste après une humiliation. Je veux dire, c'est un Poufsouffle, il est foncièrement gentil, je pense qu'il aurait rebondi, qu'il n'aurait quand même pas tué Neville. Voilà ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est vrai, je n'y avais pas pensé. Merci de l'avoir fait remarqué !
      Gaëlle

      Supprimer

Salle commune : panneau d'affichage